O terreur !
Le tigre, en effet, n’avait pas roulé jusqu’au fond : une large saillie du roc l’avait arrêté à vingt pieds du bord ; ses griffes avaient fait le reste, et maintenant il était là, se dressant et grimpant contre le tronc de l’arbre, l’œil en feu, la gueule ouverte, la langue friande de sang.
Eh bien! Robert-Robert eut moins d’épouvante cette fois, car la surprise était moins vive, si le péril était plus grand.
Puisant dans l’excès de ce péril même un courage vraiment surhumain, il attend immobile son ennemi, le poignard entre les dents, et un pistolet dans chaque main.
Le tigre continue d’approcher.
La chaude haleine qui jaillit de ses narines enflammées effleure déjà la pâle figure de Robert-Robert ; mais Robert-Robert reste impassible, et seulement, quand le tigre est là, tout près, il allonge le bras, pose le canon de son pistolet sur le front de l’animal, et lâche la détente…
O terreur! l’arme, dont l’eau de la mer a dès longtemps avarié la charge, l’arme ne prend pas feu !
Une sueur froide parcourt alors tous les membres de l’adolescent.
Extrait des Aventures de Robert-Robert par L. Desnoyers, illustré par F. de Courcy, 1839.
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