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Trop heureuse, pourtant

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Jeune fille se mettant des noeuds de rubans dans les cheveux
N’est-elle pas trop heureuse, pourtant ? Sa chambre a l’air d’une petite chapelle. Je manque souvent de domestiques, vous le savez, mais je trouve le moyen de m’en passer sans qu’il y paraisse ; tout est en ordre, tout reluit dans la maison. Certes, on peut le dire, Perrine a un intérieur des plus agréables. Croiriez-vous qu’elle n’a pas seulement l’air de s’en douter ? Elle est si étourdie, si légère ! Figurez-vous que je l’ai surprise l’autre jour occupée à placer un nœud de rubans dans ses cheveux ; et devant quel miroir, s’il vous plaît ? Je vous le donne en cent, je vous le donne en mille. Le grand chaudron aux confitures ! Avouez qu’elle a tort de n’être pas contente ; car, après tout, il n’y a pas beaucoup de ménages où les chaudrons puissent servir de miroirs. »
Mme Guérin en tomba d’accord, sachant que, pour ramener les gens à la raison, il est parfois nécessaire de condescendre à leur folie. Elle se rendit même à la cuisine pour admirer le chaudron, et rajusta son châle devant sa face reluisante.
 
Extrait de Heur et Malheur par E. d’Erwin, illustré par H. Castelli, 1877.

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