Marcottage
MARCOTTAGE substantif masculin Action de marcotter. Le marcottage diffère du bouturage, en ce que la bouture, au lieu d’être détachée du pied mère, y reste adhérente jusqu’à ce qu’elle ait assez de racines pour être sevrée. Dans le bouturage, la partie de la tige que l’on détache du pied mère a accumulé une provision de nourriture suffisante pour lui permettre de produire des racines, qui iront ensuite chercher dans le sol la nourriture de la plante ; quand cette provision de nourriture fait défaut, l’opération du bouturage ne réussit pas. Dans le marcottage, on n’a pas à redouter cette cause d’insuccès, parce que la partie sur laquelle on expérimente tire sa nourriture de la tige mère jusqu’à la formation des racines adventives. Un grand nombre de plantes qu’il n’est pas possible de propager au moyen du bouturage se reproduisent très bien par marcottes. Il existe cinq procédés principaux de marcottage : 1° marcottage par drageons, le plus naturel, employé pour certains arbrisseaux : lilas, rosier, chèvrefeuille, spirée, etc. Les drageons sont des bourgeons souterrains qui se forment au collet de la racine, s’étendent horizontalement sous terre, sortent du sol à une certaine distance du pied mère et donnent lieu à de nouvelles tiges ; on les détache au printemps qui suit l’été de leur naissance ; 2° marcottage par racine. Il se rapproche du précédent et a lieu
sur quelques plantes dont les racines très longues s’enfoncent peu profondément dans le sol : robinier, vernis du Japon, etc. En blessant les racines, on
leur fait émettre des bourgeons identiques aux drageons ; 3° couchage, dans lequel on prend une branche de la plante à reproduire et on la couche au fond d’une tranchée ouverte à cet effet ; on recouvre cette branche avec de la terre et l’on redresse son extrémité hors du sol, au moyen d’un tuteur. C’est le procédé employé pour la vigne. Le couchage est simple ou compliqué : simple, quand la branche ne subit d’autre préparation que l’ablation des feuilles et des bourgeons dans la partie enterrée ; compliqué lorsque, outre cette ablation, on tord ou on incise la branche. Notre figure 2 montre un marcottage par incision en Y. Ce procédé a pour but de faire former sur les bords de l’incision un bourrelet près duquel les racines se développent en abondance. On obtient le même résultat en remplaçant l’incision en Y par une incision annulaire; on fait aussi une double incision au même point de la branche. Le sevrage de la vigne ainsi marcottée ne doit se faire qu’au bout de deux ans ; 4° cépée appelée aussi marcottage en butte (fig. 3).
On coupe, au printemps, la tige d’un jeune arbre à 15 centim. au-dessus du collet ; il se forme, de nombreux bourgeons autour de la souche. Au printemps suivant, on recouvre la cépée d’une couche de bonne terre de 15 à 20 centim. de hauteur; on arrose pendant les chaleurs; à la fin de l’automne suivant, on détache les marcottes et on les plante individuellement. C’est le mode démultiplication employé pour les espèces à écorce tendre, qui se ramifient facilement à leur base : cognassiers, pommiers de doucin et de paradis, mûriers, etc. ; 5° marcottage en l’air. C’est celui que l’on emploie pour les plantes dépourvues de rameaux au bas de leur tige ; il est alors impossible de courber une branche de façon à la coucher dans le sol. C’est pourquoi on fait entrer la branche dans un pot plein de terre que l’on maintient humide ; on soutient ce vase à l’aide d’un support à une hauteur convenable.
Extrait du Dictionnaire encyclopédique Trousset, 1886 – 1891.
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