Pilon

PILON s. m. Instrument dont on se sert pour piler quelque chose dans un mortier : pilon de bois.
— Gros maillet et marteau qui, dans les moulins à tan, à papier, etc., servent à piler, à briser, à hacher.
— Mettre un livre au pilon, en déchirer tous les feuillets, de sorte qu’ils ne puissent servir qu’aux cartonniers, qui les pilent pour les réduire en pâte.
— Marteau-pilon, énorme pilon mis en mouvement par la vapeur et employé dans les forges et dans les ateliers de construction, pour forger les grosses pièces et pour corroyer les paquets qui sortent des fours à réchauffer. Les appareils servant à la manœuvre du marteau-pilon varient suivant les effets à obtenir. Notre figure représente l’appareil inventé par James Nasmyth, en 1839. Le marteau ou frappe est attaché au piston d’un cylindre maintenu verticalement par un solide bâti. On fait monter le piston par l’action de la vapeur admise au-dessous de lui, dans le cylindre ; il redescend par le propre poids du marteau, dont la rapidité et, par conséquent, la puissance peuvent être considérablement augmentées par l’action de la vapeur admise au-dessus du piston, dans le cylindre. L’admission de la vapeur est régularisée au point que l’on arrête la chute du marteau à une hauteur déterminée, quelle qu’elle soit, et que le même marteau qui vient de battre et d’aplatir sur l’enclume un énorme morceau de fer rouge peut briser, le coup suivant, si le conducteur le désire, la coquille d’une noisette sans en écraser l’amande. A la fameuse aciérie de Krupp, à Essen (Allemagne), le principal des 82 marteaux-pilons mesure 4 m. de long, 2 m. de large et 1 m. et demi d’épaisseur; il pèse plus de 50,000 kilog., et dans sa chute de 3 m., il acquiert un poids de 150,000 kilogrammètres. Mais, depuis 1877, nous avons en France, au Creuzot, un appareil de ce genre beaucoup plus puissant encore, puisque son marteau pèse 80 tonnes et produit un choc de plus de 400,000 kilogrammètres.
 
Extrait du Dictionnaire encyclopédique Trousset, 1886 – 1891.