L’enfant passa la tête par l’ouverture de la niche.
« André! André! dit M. Guérin, que fais-tu là, mon pauvre entant ? »
Le petit, avant de s’éveiller tout à fait, poussa un de ces gros soupirs qui ne sont que des sanglots étouffés, puis ouvrit les yeux à demi et les referma aussitôt en disant : « Laisse-moi là, papa, oh! j’ai peur, j’ai bien peur. »
— Mais non, mon petit, je ne puis te laisser dans ce trou ; ta mère est en peine de toi, elle m’a envoyé à ta recherche ; seulement je ne peux pas aller te prendre, je n’entrerais jamais là dedans. Et il lui tendait la main, l’encourageait, l’attirait vers lui. L’enfant, couché à plat ventre, s’avança en rampant et passa la tête par l’ouverture de la niche, puis jeta sur la cour un regard effaré.
« Où sont-ils? » demanda-t-il tout bas.
M. Guérin comprit son énigmatique question et répondit que Georges et Alice étaient dans leur chambre, bien soignés par leurs mères.
« Sont-ils morts? » ajouta le petit d’une voix presque inintelligible.
— Mais non, mon pauvre enfant, reprit le père, nous espérons bien les guérir ; viens près de Mariette, elle te donnera ton souper, puis tu dormiras dans ton lit bien mieux que dans cette niche. » Et tout en parlant, M. Guérin avait opéré l’extraction d’André, avait remis le bambin sur ses pieds et l’entraînait vers la maison.
Extrait de Heur et Malheur par E. d’Erwin, illustré par H. Castelli, 1877.
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