Hallebarde
HALLEBARDE s. f. [‘ha-le-bar-de] (all. helmbarte, hache à manche). Sorte d’arme d’hast, garnie par en haut d’un fer long, large et pointu, traversé d’un autre fer en forme de croissant : un coup de hallebarde.
— vo. Pop. Il tombe des hallebardes, il pleut à verse.
— Prov. Rimer comme hallebarde et miséricorde, ne pas rimer du tout. Cette locution familière vient du fait suivant : un certain Mardoche, suisse de l’église Saint-Eustache étant mort, son ami Bombel voulut faire passer sa mémoire à la postérité et à cet effet, résolut de graver sur sa tombe une épitaphe qui sortît du vulgaire ; le genre poétique lui souriait assez, mais, complètement étranger au langage des Muses, il s’adressa, de confiance, à un savant de l’époque qui, entre autres prescriptions, lui recommanda bien pour la perfection de la rime que les trois dernières lettres de chaque vers fussent semblables ; la leçon ne fut pas perdue, car, quelques jours après, on put lire sur la tombe du suisse, cet immortel quatrain :
Ci-gît mon ami Mardoche,
Qui fut suisse à Saint-Eustache.
Il porta trente ans la hallebarde.
Dieu lui fasse miséricorde !
Par son ami J.-B. Bombel, 1727.
— Encycl. La hallebarde était une arme à hampe façonnée de telle sorte que celui qui la portait pouvait à la fois frapper d’estoc et de taille. On la maniait à deux mains et elle pouvait trancher la tête d’un cheval ou décoller un homme, malgré la résistance des plus fortes cottes de maille ou des armures les plus solides. Dès le XIe siècle, la hallebarde était l’arme d’une partie des guerriers normands qui prirent part à la bataille d’Hastings, comme en fait foi la célèbre tapisserie de la reine Mathilde qui représente ce combat. Elle est restée l’arme de l’infanterie anglaise jusqu’au temps d’Elisabeth. Supprimée en France en 1756, elle fait aujourd’hui l’ornement des suisses d’église.
Extrait du Dictionnaire encyclopédique Trousset, 1886 – 1891.
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